Antisémitisme : quelles attentes pour les assises lancées par Aurore Bergé ?

08 janvier 2025 - 15:41 - 377 vues
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À peine revenue au gouvernement, la ministre de la Lutte contre les discriminations, Aurore Bergé, souhaite relancer les assises de l’antisémitisme. Ouvertes à son initiative en mai dernier, elles étaient restées lettre morte, dissolution pour cause de dissolution . De retour aux affaires, elle entend réactiver ce dossier brûlant. Les chiffres à paraître sur l’antisémitisme pour 2024 devraient être aussi inquiétants que ceux de 2023. Pour tenter d’endiguer ce fléau, la ministre veut s’attaquer au problème à la racine et faire de l’université le principal champ de bataille.

Par Jérémy Chicheportiche

Sans surprise, les chiffres de l’antisémitisme de 2023 – le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) annonçait 1 676 cas cette année-là, soit une multiplication par quatre en un an – devraient ressembler à ceux de 2024. De retour au gouvernement, Aurore Bergé est bien décidée à s’attaquer au problème. Pour ses assises de l’antisémitisme, elle n’a pas choisi la date au hasard. Le 13 février prochain marquera l’anniversaire du meurtre d’Ilan Halimi. Première cible de la ministre : « l’université », où elle dénonce des « faits absolument intolérables et insupportables ».

Une initiative saluée par Yossef Murciano, président de l’Union des étudiants juifs de France : « Ce qui est en train de se passer à l'université, c'est une forme de laboratoire de ce qui va se passer dans les prochaines années dans la société. » Cette façon de prendre le problème à la racine permettra de « prévenir dès maintenant les maux futurs de la société ». Mais, chat échaudé craint l’eau froide, prévient le patron de l’UEJF. En mai, la première édition des assises de l’antisémitisme n’avait pas apporté les résultats espérés. « Il y a une forme d'attente de la communauté juive : savoir si, cette fois-ci, cela ira jusqu’au bout. Est-ce qu'on aura des propositions concrètes pour lutter contre l'antise­mitisme ? »

Des propositions, le collectif Nous Vivrons en a formulé, et sa présidente, Sarah Aizenman, confie à Radio Shalom être déjà entrée en relation avec le cabinet d’Aurore Bergé. « Cela passe par de la formation, par des campagnes d'information et de dissuasion, mais aussi par l'organisation d'une convention citoyenne. » Elle martèle que c’est la visibilisation de la lutte contre l’antisémitisme qui fera avancer cette cause.

Unanimement, les associations de lutte contre l’antisémitisme saluent la volonté politique d’Aurore Bergé, tout en réclamant de la fermeté contre la haine des juifs. Elles complètent que cette lutte ne saurait être efficace en faisant l’économie de l’antisionisme. « Aujourd'hui, l’antisémitisme s’est trouvé une nouvelle raison : la haine d'Israël », souligne Yossef Murciano. Pour Sarah Aizenman, il faut faire un travail de pédagogie autour de la notion même de sionisme : « Il faut expliquer que c’est le premier mouvement de libération des peuples, que c'est le sionisme qui a permis au peuple juif de s'autodéterminer. Le sionisme est un mouvement décolonial », dans un effort qu’elle qualifie d’évangélisation. « Le sionisme répond exactement aux attentes de toute cette génération en quête de liberté, d'indépendance et d'autodétermination de tous les peuples. » Elle rappelle que Nous Vivrons avait signé une tribune d’un « minimum commun » contre l’antisémitisme, incluant la pénalisation de l’antisionisme. Une mesure à laquelle Aurore Bergé ne semble pas opposée, puisqu’elle a affirmé être prête à voter la proposition de loi de la députée Caroline Yadan, qui comporte cette disposition.

Face à l’urgence, les différents acteurs espèrent que ces assises ne seront pas seulement un symbole, mais le point de départ d’une véritable mobilisation nationale contre l’antisémitisme.

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